Gaza ou Donbass, Même Combat

Source de l’article: Rivarol

Alors que la Libye s’enfonce dans le chaos le plus total, que les combats s’intensifient d’heure en heure à l’Est de l’Ukraine, au 21e jour de l’Opération “Bordure protectrice” lancée le 8 juillet par l’Entité sioniste contre l’enclave palestinienne de Gaza, prétendument pour faire cesser des tirs de roquettes qui n’ont fait que trois victimes, un déluge de feu s’est abattu dans la nuit du 28 au 29 juillet sur la ville tandis qu’un commando palestinien pénétrait sur le territoire israélien, tuant dix soldats de Tsahal avant de repartir sans encombre. Quelques heures auparavant, le Premier ministre hébreu, Netanyahou rompait une trêve éphémère et annonçait une guerre longue. Guerre engagée unilatéralement avec des moyens disproportionnés, au prétexte de l’enlèvement et de l’assassinat de trois jeunes Israéliens par le Hamas. Or il est maintenant admis qu’il s’agirait d’un crime crapuleux perpétré par un coreligionnaire des trois malheureux. Malgré les injonctions pressantes et réitérées du président Obama de mettre fin à ce bain de sang, 1 110 morts à ce jour, il apparaît bien que la Maison-Blanche n’a aucune influence réelle sur la folie meurtrière des dirigeants du Likoud, lesquels abritent leurs crimes derrière les nécessités de la légitime défense tout en se prévalant d’une adhésion populaire effarante : 87 % des Israéliens approuveraient le massacre qui se déroule dans le champ clos d’un territoire où se terrent parmi les ruines et les décombres, à la merci des bombes, un million huit cent mille prisonniers palestiniens soumis à un rigoureux blocus depuis 2006. Le conseiller du président américain, Zbigniew Brezinski, déclarait sur CNN que « les États-Unis condamnent un assaut qui met en danger la survie même d’Israël ». Or c’est bien cela qui est désormais en jeu : la viabilité et la pérennité d’un État voyou ayant administré aux yeux de tous les preuves incontestables de sa capacité de nuisance internationale. Notons que nombre de gens bien intentionnés croient encore qu’Israël est l’avant-poste de l’Occident sur les rives de l’Orient ténébreux. Qu’Israël est à ce titre le dernier rempart contre l’islamisation définitive de l’Europe. Qu’Israël enfin est une grande démocratie. Il faut se demander comment l’on peut être aussi aveugle, comment il est possible d’être aussi ignare et même obtus, pour ne pas voir que les grands théoriciens et promoteurs de la société plurielle ou pluriethnique, de l’accueil sans limites ni restriction, du métissage comme acmé du genre humain, des Droits de l’homme sans devoir, appartiennent en majorité au peuple messianique, et sont d’ailleurs trop ou très souvent binationaux 1.

Comment ne pas constater que ce qui est bon en Terre de promission [Eretz Israël], à savoir les discriminations vexatoires, la ségrégation mesquine, les postes de contrôles harassants [check points], les murs de séparations, les champs dévastés, les oliveraies arrachées, les enfants abat- tus par la soldatesque, un pays sans constitution ni code civil où les femmes ne peuvent divorcer de leur propre chef — sauf parfois à verser de fortes rançons aux maris et aux rabbins — serait jugé par ces mêmes sionistes criminel, épouvantablement raciste, fasciste, rétrograde et inhumain si ces us et coutumes étaient pratiqués dans n’importe quel autre pays que l’Etat hébreu ? […] le recours à la morale pour rendre présentables les guerres de conquête, n’est qu’habillage et babillage. Est-ce bien une pure coïncidence si Israël et l’Amérique judéo-protestante sont les plus ardents défenseurs du corpus messianique dit des Droits de l’Homme ? Un instrument qui s’impose à autrui mais pas à ces rusés coquins que sont ses promoteurs. Lesquels n’hésitent jamais en se drapant dans les grands principes et en se parant de tous les oripeaux des “valeurs” humanitariennes à livrer de ter- ribles guerres d’agression où les morts se comptent par millions. Et ce n’est pas une clause de style ! Mais cela ne compte évidemment pas puisque ces monceaux de cadavres sont édifiés au motif de faire triompher les meilleurs bons sentiments du monde et pour la plus grande gloire des idéaux démocratiques. L’exercice de la puissance est ce qu’il est. Il peut même à l’occasion révéler quelque noblesse lorsque le vainqueur sait se montrer magnanime, mais par pitié, que l’on n’ajoute pas au crime l’ignominie morale consistant à se faire passer pour de bons Samaritains ! Réflexion qui vaut autant pour les nomenklaturas de Washington, Tel-Aviv et leurs séides de Londres, Rome, Berlin et Paris que pour les dirigeants européens et ukrainiens. Car si des cadavres jonchent les rues des villes du Donbass, nous savons bien à qui en revient la faute. Et la source du mal, contraire- ment à ce que la presse occidentaliste ressasse jusqu’à la nausée, ne se situe pas essentiellement au Kremlin, mais chez les idéologues et sous le crâne des idéocrates qui s’intoxiquent avec leur logorrhée idéaliste, juste bonne à tromper les foules qui continuent de croire en la bonne foi et au dévouement de ses mauvais pasteurs.

Maintenant, à Kiev, le désordre politique le plus extrême règne en maître. Le Premier ministre issu du coup de force du 22 février 2014, Arseni Iatseniouk, démissionnait le 24 juillet tandis qu’à plusieurs reprises les députés en venaient aux mains. Triste ironie de l’histoire, les Ukrainiens qui ont cru naïvement à des lendemains européens enchanteurs, aux dettes épongées, au gaz circulant à flot et à prix cassés, à l’éviction des oligarques suceurs du sang du peuple, se retrouvent aujourd’hui gouvernés par les mêmes oligarques, dans un pays en guerre contre lui-même, dont la péninsule de Crimée s’est irréversiblement détachée, et qui maintenant se trouve sérieusement menacé d’éclatement. Une réussite intégrale. Merci Bruxelles ! Le sang ukrainien qui souille les mains des technocrates, les gêne apparemment beaucoup moins que naguère Lady Macbeth. Or, après avoir accusé haut et fort les séparatistes russophones, puis la Fédération de Russie elle-même, d’avoir tiré le missile ayant détruit en vol le 17 juillet un transport commercial de la Malaysia Airlines, Kiev et Washington dans l’incapacité de fournir la moindre preuve tangible en appui de leurs allégations — comme les avait mis au défi de le faire le ministre de la Défense russe — ont mis un bémol à leurs cris d’orfraie. Si les communiqués parlent toujours mezzo voce d’un missile « tiré de la zone contrôlée par les rebelles prorusses », nul ne s’aventure plus à dire par qui aurait été tiré l’engin. Une situation très semblable à celle de l’été 2013 lorsque la responsabilité de l’attaque au gaz sarin — encore non officiellement élucidée à ce jour — dans la banlieue de Damas, était attribuée, sans l’ombre d’un doute, au gouverne- ment baasiste et à la personne du président el-Assad. Bref, de la même façon, plus per- sonne n’ose évoquer trop ouvertement la culpabilité conjointe, hier certaine, de Moscou et de la dissidence. C’est pour- tant bien ce qui compte et ce qui restera dans l’esprit des foules. La trace mnésique, l’effet d’annonce — traumatique et durable — de cette dénonciation de culpabilité resteront gravés dans l’in- conscient collectif et nul démenti tardif ne parviendra à l’effacer. D’autant que les démentis passent le plus souvent inaperçus du grand public. Reste le fracas de l’événement et le coupable désigné comme tel ad vitam æternam. Ce qui, une fois de plus, laisse songeur quant à la distorsion de l’information et à la capacité de reconstruction du réel, c’est-à-dire de falsification et d’occultation, en fonction des nécessités de l’heure et de la conjoncture générale. En rétorsion ou plutôt en réponse du berger à la bergère, le 23 juillet (2) les forces russes ont abattu deux chasseurs SU-25 des forces aériennes ukrainiennes, presque une semaine après la catastrophe civile… et procédé en outre à des tirs d’artillerie à longue portée sur des positions gouvernementales, ceci depuis le territoire de la Fédération ! Touche finale, les désertions se multiplient dans l’armée, loyalistes, soldats et officiers refusant de tirer sur leurs « frères ukrainiens »… Ces objecteurs de conscience d’un genre nouveau ont pour la plupart trouvé refuge de l’autre côté de la frontière et certain d’entre eux ont déjà sollicité la nationalité russe.

Au demeurant, à toute chose malheur peut être bon. Il aura fallu la tragédie du vol MH 17 pour que l’Europe dé- couvrît qu’une guerre se livrait, à l’instant même, sur son propre sol. Une guerre dans toute son ampleur et son horreur, là où les media officiels n’évoquaient qu’une opération de sécurité intérieure sous couvert d’anti-terrorisme. Même la Croix-Rouge internationale s’en est émue et a demandé aux Nations Unies la requalification des événements du Donbass en “guerre”. Hélas les cadavres des passagers du vol ont également servi à faire ignorer un temps les corps mutilés qui jonchent les rues de Donetsk, de Lougansk… et de Gaza. Partout où des forces étatiques prennent des civils pour cible afin de les terroriser, de les contraindre à fuir, tout en détruisant par là même, la base populaire, l’adhésion, ici au projet indépendantiste, là-bas, sous une autre forme, à l’idée de liberté et de paix durable. La Libye est au bord de l’explosion. Les combats font rage à Tripoli d’où les Américains et les Britanniques ont ex- filtré leurs diplomates et leurs derniers ressortissants. À Mossoul, ville d’où les Chrétiens viennent d’être expulsés, le califat islamique a fait sauter l’imposant mausolée du prophète Jonas, lequel se trouvait dans une mosquée sunnite dé- nommée « Mosquée du Prophète Younis » [vidéo/europe-israel.org26juil14]. À ce sujet nous n’avons pas entendu les judéo-protestants américains protester 3. En Ukraine, la guerre déploie son œuvre mortelle. Quelque 515 000 per- sonnes ont franchi la frontière de la Fédération. À cet effet, Moscou a débloqué plus de 103 millions d’euros, cherchant les moyens de fixer ces populations sur la terre russe. Les combats se poursuivent sur les lieux mêmes de la catastrophe aérienne, contraignant la trentaine d’experts de la police scien- tifique, néerlandais et australiens, à renoncer à la conduite de leur enquête [AFP]. Une quinzaine de jours après le drame des corps et des débris humains continuent de joncher le site. Devant l’intensification des combats, la sécurisation de la zone devient éminemment aléatoire. Mais dans les colonnes du New York Times, au lieu d’appeler à la cessation des affrontements, le sieur Bernard-Henry Lévy, ce « représentant attitré de la gauche caviar » [bdvoltaire 27 juil 14], taxe les Européens de lâcheté, appelant à la guerre contre la Russie. Certes, le sang des autres ne coûte pas cher, principalement pour ce beau parleur. De toutes les manières les choses n’en resteront pas là, l’été risque d’être passablement chaud.

Léon Camus

1. Emblématique de la double allégeance, Arno Klarsfeld, avocat franco-israélien [wkiki], de- puis 2010 membre du conseil d’État où il passe en touriste quand sa vie mondaine ne l’appelle ailleurs ou lorsqu’il ne jette pas un verre d’eau à la tête de son vis-à-vis (en l’occurrence Ro- bert Ménard qui défendait l’abrogation de la loi Gayssot) sur un plateau de télévision. Il ef- fectua en 2002 son service militaire en Israël dans le corps réputé pour sa dureté des gardes frontières [magav]. L’un des principaux auteurs de la Déclaration universelle de 1948 fut René Samuel Cassin, nobélisé en 1968.

2. Selon un communiqué du Conseil de sécuri- té nationale et de défense ukrainien « Deux de nos avions ont été abattus à l’altitude de 5200 mètres. Selon les premières informations, le lancement des missiles a été effectué depuis la territoire de la Russie » [AFP]. Les deux chas- seurs Soukhoï Su-25 ont été touchés au-des- sus de Savour-Mogyla dans la région de Do- netsk, près de la localité de Snijné, à environ 25 km du site d’écrasement du vol MH17.

3. En quatorze siècles d’Islam les Chrétiens du nord de l’Irak  — qui sont historiquement les premiers Chrétiens et dont les prêtres parlent encore le néoaraméen, le soureth, la langue du Christ — n’ont vraisemblablement jamais connu une telle situation. Selon Human Rights Watch, le califat islamique aurait ces dernières semaines détruit sept lieux de culte chiites dans la ville turkmène à majorité chiite de Tal Afar, à environ 50 kilomètres à l’ouest de Mos- soul. Pour mieux comprendre ces événements lire, dans la nouvelle bibliothèque rivarolienne, Les Égarés, Éd. Sigest, 2013.

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